Me voici donc investie de la lourde responsabilité d'inaugurer la rubrique récits érotiques, après la tentative avortée d' @Ultime_rescapée ...
Un récit que j'espère dur et tendre à la fois ... il y aura des pleurs, des cris et des larmes, des rires et de la joie, de l'amour et ... du sexe.
Resté inachevé à l'époque de la fermeture partielle d'un site concurrent bien connu, je me propose ici de reposter petit à petit les chapitres existants puis si vous accrochez, de m'atteler à finir ce chantier qui m'a déjà valu quelques heures d'insomnie
je Vous en veux … mais aviez-Vous seulement le choix ?
Comment auriez-Vous pu laisser impunie une telle inconduite ?
je savais, lorsque j’ai fauté, que Vous l’apprendriez.
je savais que même s’il Vous en coûtait, Vous n’auriez pas d’autre option.
Non contente de me comporter comme la dernière des catins, j’ai eu l’outrecuidance d’y prendre du plaisir sans y être autorisée.
Comment ai-je pu croire un seul instant que Vous auriez pu ne pas l’apprendre ? Comment ai-je pu croire que peut-être, Vous feriez preuve d’une quelconque clémence ?
La peine promet d’être sérieuse, voire exemplaire.
D’ordinaire, la seule idée du martinet sur ma peau, de Vos mains cinglantes sur mes fesses suffit à me transporter … mais ici, c’est différent.
Point d’excitation. Juste une appréhension atroce. Presque … de la peur.
Je suis là, face à Vous, suspendue, entièrement nue, à ces chaînes qui me meurtrissent les poignets.
Un petit animal pris au piège, écartelé, une proie facile qu’un prédateur s’apprête à dévorer.
je voudrais Vous supplier, je voudrais tout expliquer mais cette boule qui m’obstrue la bouche m’en empêche.
Les seuls sons qui jaillissent de ma gorge sont déformés, ajoutant à l’humiliation, l’impuissance.
Le sol glacé est à lui seul une torture, je ne sens plus mes pieds …
Il fait sombre, l’air est frais … trop frais. Les chaînes, le sol, le bâillon et le froid.
Tout mon univers s’est réduit à ça … le métal, la pierre … l’air. Et Vous. Vous, tapi dans l’ombre. Je Vous sens, je Vous devine. Sous peu, Vous laisserez tomber la sentence.
J’eusse été bien aise d’ordinaire, nos petits jeux ne sont finalement qu’une promesse au plaisir.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait un jeu. je sais que j’ai failli. je sais que je Vous ai trahi. je sais enfin que Vous serez sans pitié, dur mais juste selon vos propres dires … j’attends cet instant. Ou plutôt, je l’attendais.
Cette occasion de vous montrer à quel point je suis Vôtre, de Vous montrer à quel point je peux endurer.
A quel point je peux souffrir … pour Vous.
Des semaines, des mois que je voudrais tant Vous montrer tout ça.
Mais là, j’y suis. Nous y sommes.
Et j’ai cette terrible appréhension qui me noue le ventre … Vais-je être à la hauteur ? Jusqu’à quel point le jeu s’effacera-t-il ce soir pour laisser la place au supplice ?
Maître, soumise, martinet, pinces … rien de tout ça dans cette pièce.
Ne subsistent que deux êtres unis dans un rapport de force dantesque, un corps offert, sans volonté, face à un Homme blessé, trahi. Une femme fautive, adultère, face à son juge et à son bourreau qui ne font qu’un …
- « Cent coups de cravache, répartis sur les fesses, les seins et le sexe. Je veux que tu les comptes ! ».
La tête m’en tourne. La sentence est tombée. Cent coups. Cent coups de cravache. Il m’est arrivé par le passé d’en tâter. Mais la cravache a ceci de particulier qu’elle peut jouer sur tous les registres. Elle peut se faire caressante, insistante … elle peut procurer une douleur légère et excitante, à l’instar du martinet … ou plus marquée. Dans une main bien assurée, une cravache peut infliger une douleur d’une violence inouïe … La cravache, c’est la morsure. La cravache fend l’air et s’abat sans pitié sur la peau, durement. La douleur est cuisante, cinglante, rien à voir avec le martinet qui finalement demeure un jouet. La cravache laisse des traces. Oh bien sûr, ce n’est pas … nouveau. Mais cent coups !!!
- « Pas question de te laisser aller, je veux que tu les accueilles courageusement, offerte et stoïque.
Je ne veux pas que tu subisses ta punition, je veux que tu m’en fasses cadeau, que tu me l’offres avec fierté.
Je ne veux pas de jérémiade, je t’interdis de t’affaisser, de te laisser aller. Même sous la cravache, ton port doit rester celui d’une reine, l’humilité en sus.
Tu resteras d’abord longuement debout, jambes légèrement écartées, le dos cambré, les seins dressés, la tête droite, le regard légèrement baissé vers le sol.
Ma cravache doit d’abord prendre la mesure de ton corps.
Ne crains rien, il s’agit juste de te laisser caresser par ce cuir qui bientôt te mordra.
Laisse-le te sentir, épouser doucement la courbe de tes fesses et de tes seins, mesurer la cambrure de tes reins.
Laisse-le exciter tes mamelons et ton bouton d’amour, caresser ton sexe et l’intérieur de tes cuisses. Tu vois, ce n’est pas bien méchant n’est-ce pas ? »
C’est même plutôt … agréable. Si je ne redoutais pas à ce point ce qui va suivre, cela pourrait sûrement m’exciter.
Le cuir s’immisce entre mes fesses, se faufile entre mes lèvres, me caresse les hanches … s’attarde sur mon sexe, nargue mes seins.
Schhlack !!! …
Le premier coup me surprend. Rien de bien méchant, mais la surprise m’a faite tressaillir. je ne m’y attendais pas. Un coup léger et précis, juste sur les fesses, que la cravache caresse maintenant à nouveau.
Schlack! Un autre, au même endroit.
Schlack, schlack, schlack … une véritable pluie de coups s’abat sur mon corps qui tressaute à chaque impact … cinq … six … sept … huit … neuf …
Très honnêtement il s'agit d'un récit très bien écrit (et je le pense sinon je n'aurai pas pris le temps d'écrire).
Vraiment très agréable à lire (et à imaginer). Bravo pour ce premier récit.
Schlaack ! Vingt. Les coups sont légers, mes fesses rougissent probablement. Je m’attendais à une douleur aigüe, pas à ce petit picotement … encore moins à cette chaleur dans mon ventre.
L’excitation me gagne, quelle sensation délicieuse que ce désir mêlé d’appréhension. La cravache effleure mon sexe, mes seins, les caresse … je coule comme une fontaine.
SCHHLAAACCK !!!
- « Gggnnn »
Le coup est violent, cinglant, le picotement s’est fait brûlure.
SCHHLAACKK !!!
- « Hhhhh ! »
Ce n’est plus du tout amusant. L’appréhension se mue en peur. L’adrénaline prend le pas sur les phéromones. Les coups s’enchaînent, sur les fesses, SCHLAAK !! Tren … trente-neuf, sur le ventre, SCCHHLLLACK ! Quarante !
Je voudrais crier, supplier d’arrêter, je ne veux plus jouer !!
Mais très vite, cette idée m’abandonne …
SSCCHHHLAAAACK … je me mords les lèvres, les larmes me montent aux yeux. Mon cul est en feu, je brûle. Quelle folie. Si j’avais su, j’aurais fui.
Vous me libérer de mon bâillon ... ma bouche, comme mon sexe et mon séant sont maintenant disponibles. La cravache s’attarde sur ma chatte, me caresse, son manche me force, me pénètre, me fouille.
Les relents de mouille suffisent à lubrifier son passage. Elle va et vient, ranime le désir dans le creux de mon ventre.
Elle fouille ma bouche, en ressort dégoulinante de salive.
Elle viole mon anus qui dit non, l’oblige à capituler, explore mes entrailles. Elle reste fichée là, dans mon petit trou d’amour, Vos mains prennent le relais, me fessent, me giflent le visage et les seins. Vos doigts triturent mes tétons, cela fait mal.
Défense de crier.
Les larmes coulent le long de mes joues, Vous les lèchez, les savourez … c’est ma douleur et ma honte que vous buvez là ...
Votre sexe est bandé comme un arc, gorgé de sang et d’envie.
Aspire-t-il à me prendre, pauvre petite chose sans défense, meurtrie et vaincue ?
Pas encore. Il se frotte contre mon ventre, contre ma vulve.
Mes fesses sont en feu, la morsure du cuir les a domptées.
Tout mon corps n’est que douleur : mon cul, mes seins, mon ventre, jusqu’aux chaînes qui me meurtrissent les poignets.
Je ne veux plus jouer, je ne veux plus jouir !
Et cette chaleur qui envahi ma chatte …
Non, je ne veux pas jouir!
SCHLLAAACK !
- « Gggnnn ».
Je résiste, je serre les dents. Je peux tenir. Alors cette idée folle s’empare de moi … je lève les yeux et les plante dans les Vôtres, Vous défie du regard … SSCCHHLAAACKK … je veux Vous montrer de quoi je suis capable.
SSSSCCCCCCCCHHHHLAAAAAAACCKK. GGNNNNNNGG. QUATRE-VINGT DEUX ! Je tiens bon, ça brûle et c’est bon. je suis folle, folle à lier. j’ halète et gémis tout à la fois. je Vous en veux, cette excitation qui grandit, ce ne peut-être moi.
Prenez-moi ! Prenez-moi comme une chienne, ici-même ! Mais vous refusez, Votre main gauche va et vient sur votre dard dressé, la droite continue son travail de sape …
SSSCCCHHHLLLAACK … nonante …mon ventre est en feu, mon corps brûle, et pourtant je suis au-delà de la douleur, au-delà du bonheur … je n’ai plus de larmes pour pleurer, plus de voix pour crier … juste cette tension hallucinante qui me déchire le ventre, cette libération qui ne veut pas venir … les coups pleuvent, je ne sens rien, je ne suis plus qu’un sexe, tout mon être est concentré dans mon bouton d’amour … jusqu’à l’explosion …
Vraiment très sympa et très chouette récit....
Simple question : Ca te prends beaucoup de temps à écrire ou s'agit t il d'une réelle passion ?
SSSCCCHHHLLLAACK … nonante …mon ventre est en feu, mon corps brûle, et pourtant je suis au-delà de la douleur, au-delà du bonheur …
Nonante :)...... Ca sent les origines nordistes ça ... ?
C'est un peu comme la chocolatine ou le pain au chocolat ? L'escargot ou le pain au raisin ?.....
Trêve de plaisanterie merci pour ce récit
Vraiment très sympa et très chouette récit....
Simple question : Ca te prends beaucoup de temps à écrire ou s'agit t il d'une réelle passion ?
Merci Kinky :)
J'adore écrire, c'est réellement une passion.
Et ça me prend effectivement beaucoup de temps.
Le premier jet sort tout seul, c'est tout juste si mes doigts parviennent à suivre le flot de ma pensée. Mais après je peaufine, je polis, je relis … et ça ça me prend pas mal de temps.
Pour les "pains au chocolat", les "pistolets" et autres belgicismes, tu as vu juste ;)
Je jouis de partout, mon sexe s'affole et les spasmes me secouent toute entière … c’est … c’est sans nom …
C’est toute ma peau qui jouit, je suis la surface d’une eau dont mon sexe est le centre, percuté par une pierre … ou sont-ce Vos doigts en moi ? Qu’importe, la pierre a provoqué une onde de choc sans fin, qui se propage en cercles concentriques à la surface … ou sur ma peau … puis revient vers le centre pour exploser à nouveau …
C’est sans fin.
C’est fort.
je voudrais mourir, je crie, je pleure …
La tête me tourne. j’ai mal aux bras, mal aux poignets.
je voudrais me relever … mais non, je suis déjà debout … il me faut plusieurs secondes pour comprendre, comprendre que mes jambes ne me portent plus …
je pends par les bras à mes chaînes, mes pieds touchent le sol, j’en sens le froid mais je ne parviens pas à pousser sur mes jambes.
Je voudrais pourtant bien … juste pour que cette douleur dans mes bras s’en aille. Mais toute ma peau me fait mal et mes jambes tremblent et ne répondent plus …
Je sens aussi … Votre corps … Vos bras, Vos mains qui s’affairent autour de mes poignets … je glisse … je glisse contre Vous … je n’ai plus mal aux bras, mais ma peau brûle … alors je comprends, Vous m’avez détachée et couverte, vous m’enserrez et nous quittons la pièce …
Vous pleurez ? Ou est-ce moi ? je ne sais pas, je ne sais plus.
La surface …
je remonte, la jouissance a été intense, démesurée. L’orgasme violent, inhumain.
La réalité me rattrape, la douleur cinglante a fait place à une brûlure sourde, lancinante. Mon ventre, mes seins, mon sexe son striés d’estafilades rouges vives mais ce sont surtout mes fesses qui me font mal.
Et surtout, surtout, Vous êtes là. Votre regard déborde de fierté … Peut-être aussi de reproches … comme si vous m’en vouliez d’avoir libéré votre colère … ou d’avoir voulu aller aussi loin.
Ce sera Votre croix, Votre punition.
Ce sera notre secret.
@power-switch-on.............j'adore votre récit, vivement tous les autres pour le coup. merci.
Merci
La suite arrive aujourd'hui encore ...
Ceci n'était que le prologue
Amboise, 1993
Tapie dans mon buisson, je grelotte dans ma chemise de nuit.
Le jour s’est levé depuis un moment, probablement depuis plusieurs heures.
Je les entends au loin crier mon nom.
J’ai froid et je sanglote.
J’ai cette boule immense qui m’écrase la poitrine et toute cette noirceur qui grandit dans mon ventre. J’ai mal. Je peux plus respirer.
Les pas se rapprochent, on crie mon nom …
Un aboiement.
C’est la tête du chien qui apparaît la première, puis une main écarte les fourrés.
Je suis tétanisée, je ne veux pas quitter ma cachette.
Mais je fonds en larmes quand le gendarme me prend dans ses bras.
***
Tout avait commencé trois jours plus tôt. Nous étions tous réunis dans la maison de vacances de la famille près d’Amboise. Il y avait Papa et Maman, mon Oncle et ma Tante, les cousins et cousines, mon Grand-Père aussi.
Et surtout, surtout, il y avait Pierre.
Pierre est mon cousin le plus âgé. Il est beau comme un Dieu, grand, brun, et incroyablement gentil.
Quand je serai plus grande, nous nous marierons et nous aurons deux enfants, un garçon et une fille.
Je me suis bien renseignée, comme c’est un cousin par alliance, rien ne s’opposera à notre bonheur.
Il a douze ans de plus que moi. Ce n’est rien douze ans. La nouvelle femme de mon autre Papy a 15 ans de moins que lui et tout le monde trouve ça super.
Quand j’aurai vingt ans, Pierre en aura 32.
Je l’aime.
Il m’aime lui aussi.
C’est juste qu’il ne le sait pas encore.
Le jour de son arrivée, il m’a d’ailleurs serrée très fort. Trop fort.
Ces petits gestes ne trompent pas.
A un moment donné, pendant le repas, j’ai même vu qu’il me regardait.
C’est sûr, il m’aime.
Moi en tous cas je pourrais mourir pour lui.
Le jour après son arrivée, j’ai essayé de le lui dire.
Mais à chaque tentative, les sons restaient calés dans ma gorge. Pétrifiée.
C’est décidé, ce soir en lui disant bonsoir, je m’arrangerai pour que nous soyons seul et je lui volerai un baiser.
J’ai attendu tout le souper. J’ai bien vu qu’il regardait, encore. En riant à gorge déployée au son des plaisanteries que je suis la seule à ne pas écouter mais j’en suis sûre, il m’a regardée …
Quand vient l’heure de monter, j’attends un peu et lorsqu’il sort pour fumer une cigarette, je dis au revoir à tout le monde et je sors pour lui dire bonsoir.
Au moment où j’allais poser mes lèvres sur les siennes, il tourne la tête et me tend la joue en me lançant un « Bonne nuit Princesse ».
Je monte en courant dans ma chambre, horriblement déçue.
Je sanglote dans mon lit. Je suis certaine qu’il m’aime, c’est juste qu’il n’ose pas à cause des autres. Je me tourne et me retourne dans mon lit.
Tente de dormir.
Pense à Pierre.
Rien n’y fait.
Deux heures du matin.
J’en suis certaine maintenant. Il me veut mais il n’ose pas. A cause des autres.
Alors j’échafaude un plan insensé. Fou.
Et si j’allais lui donner ce qu’il veut ?
En cachette …
Avec d’infime précautions, je me glisse hors de ma chambre.
Je traverse le couloir jusqu’à sa chambre.
Tourne la poignée comme si je désamorçais une bombe. Millimètre par millimètre.
J’ouvre.
Entre.
Referme la porte avec une infinie douceur.
Je m’approche de son lit. Il dort. Je reste là, debout, à un mètre de son lit, à le regarder dormir. Il est encore plus beau ainsi.
Alors je laisse tomber ma robe de nuit sur le sol et me glisse entièrement nue sous les draps. Je n’ose plus bouger, allongée auprès de lui.
Je me rapproche encore. Et encore.
Je sens son souffle sur mon visage.
Mon cœur bat la chamade mais je me rapproche encore.
Contact.
Je suis tout contre lui.
Son corps est chaud et il sent trop bon.
Durant de longues minutes, je profite de l’instant. L’intérieur de ma cuisse sur sa jambe, mon ventre contre son flanc. Je mets mon nez dans ses cheveux puis pose ma main sur son torse.
Il bondit comme un diable qui sort d’une boite, se cogne contre je ne sais quoi, jure … et allume la lampe de chevet.
« - « Julie !!! Julie ?! Mais qu’est-ce que tu fous putain, t’es complètement folle !! »
Je suis liquéfiée, statufiée … je balbutie à grand peine …
- « Pierre, mon Amour, je t’en supplie. Je t’aime. Je t’aime. »
- « Mais enfin Julie, qu’est-ce qui te prend ?? Tu as perdu la tête !?
Il avise ma chemise de nuit sur le sol, s’en empare et me couvre tant bien que mal …
- « Mais qu’est-ce qui te passe par la tête ma Chérie ? Allez, rhabille-toi et retourne dans ta chambre ».
Je la passe, les larmes aux yeux, quitte la chambre sur la pointe des pieds. Traverse le couloir et descends les escaliers jusqu’à la porte d’entrée.
Une fois dehors, je cours à perdre haleine, pieds nu sur l’herbe.
Parvenue sur la route, je ralentis et je marche, hagarde.
Et là j’éclate en sanglot, de grosses larmes coulent sur mes joues.
Mais qu’est-ce qui a foiré ?
J’entre dans le petit bosquet près de la propriété, et avise un buisson. Je m’y tapis, recroquevillée sur moi-même et je pleure, pleure et pleure encore.
Je me suis trompée.
Il ne m’aime pas. Ca fait mal. Si mal.
Je voudrais mourir
Merci de cette belle inauguration de la rubrique ❤️
Bruxelles, 25 mai 2008
C’est avec une réelle appréhension que je franchis la porte du restaurant.
Oh bien sûr, nos échanges virtuels m’ont permis de me forger une petite idée de ce qui m’attend.
C’est la dimension clandestine de l’aventure qui me rend nerveuse.
J’ai dû laisser Bernard seul à la maison avec ma fille.
Je lui ai menti, prétextant une sortie avec une amie de passage en Belgique, et j’en ressens une pointe de culpabilité.
Mais je suis sur les charbons ardents.
Deux mois d’échanges dans le plus grand secret, et me voici devant la porte.
J’ai respecté les consignes à la lettre. Pas de pantalon, pas de couleurs voyantes.
J’ai donc opté pour une petite robe noire, des escarpins, une paire de Dim’up noire et des sous-vêtements élégants mais sobres, c’est ce qu’il semble aimer.
J’inspire un grand coup et pousse la porte.
Un serveur s’approche de moi.
- « J’ai une réservation au nom de Monsieur V. »
- « Oui Madame, si vous voulez bien me suivre … »
Le jeune homme m’entraîne vers le fond de la salle, vers une petite table un peu à l’écart des autres.
« Il » est déjà attablé. Il se lève à mon approche, je ne sais trop que faire, tout ceci est un peu nouveau pour moi.
Il me devance, me gratifie d’un « bonsoir Julie » enjoué et pose un baiser sur ma joue. Je lui réponds d’une voix mal assurée et m’assied sur la chaise qu’il s’empresse de déplacer.
Un vrai gentleman.
Il n’est pas vraiment beau, juste séduisant, ce n’est pas à proprement parler un adonis. Il est grand, brun, élégant. La première chose que je remarque, ce sont ses mains, belles, grandes, hâlées. Durant quelques secondes, je ne peux les quitter des yeux.
- « Tu es très en beauté Julie. Je suis ravi de te rencontrer enfin. »
Je le remercie pour le compliment, ne sachant trop si je peux me permettre de le tutoyer. La nature de l’intérêt commun qui nous a amené à nous rencontrer sur le web me fait opter pour le « vous ».
Après tout, il est censé être le « Maître ». Le mot me fait sourire, il me semble un peu ridicule, grandguignolesque.
Mon vis-à-vis dégage cependant un tel charisme que je n’ai à ce moment aucun doute sur sa capacité à imposer aux autres sa volonté.
Le serveur m’amène la carte.
- « C’est inutile. Madame prendra un Gin-Tonic et c’est moi qui choisirai les plats … mais je reprendrai volontiers un second porto. »
Je suis un peu déstabilisée, j’ai presque failli protester mais finalement, comment envisager de m’en remettre corps et âme à cet homme si je ne puis me laisser imposer le menu.
Car c’est bien de ça qu’il s’agit, il a été très clair.
Je devrai lui appartenir « corps et âme ».
Un petit picotement inonde mon bas ventre lorsqu’une phrase me revient à l’esprit … « tes orifices, en particulier, m’appartiendront sans aucune restriction ».
Combien de fois ne me suis-je pas caressée en relisant ces mails.
Nous discutons de tout et de rien lorsqu’après l’entrée, par ailleurs exquise, il me demande comment je trouve le vin.
- « Je le trouve excellent ».
- « C’est tout ? ».
Il a l’air déçu.
- « Portes-tu quelque chose sous ta robe ? ».
En temps normal, j’aurais pouffé de rire. Mais la question ne me paraît pas déplacée au regard du contexte de cette étrange rencontre. Je lui réponds donc par l’affirmative, avec un détachement qui finalement m’étonne.
- « Je veux que tu ailles aux toilettes et que tu l’enlèves, puis que tu me l’apportes ici même ».
Un instant, je crois ressentir un creux dans mon ventre. Comme une mini-décharge d’adrénaline, une petite appréhension. Nous y voici.
Je sais que je n’ai pas droit à l’erreur.
Ce petit caprice, aussi insignifiant soit-il, est en quelque sorte un premier test.
Je me dirige donc vers les toilettes et m’exécute.
En retirant le bout de tissu noir, un picotement envahit à nouveau mon bas ventre.
Je fourre le string dans mon sac et retourne dans la salle.
A l’instant où je m’apprête à m’assoir, il m’ordonne de rester debout.
- « Viens ici ! ».
Je m’approche et il glisse sa main entre mes cuisses.
Je lance un regard affolé aux tables situées de l’autre côté de la petite salle.
Personne ne semble nous prêter attention.
Il remonte, plaque sa main contre mon sexe. Joue avec mes lèvres.
- « C’est bien Julie. Donne-la moi » !
Je fouille dans mon sac et dépose le string dans sa main tendue.
Il m’invite à m’assoir et dépose l’objet du délit au beau milieu de la table, entre nos verres. Lorsque je fais mine de l’attraper, il me l’interdit.
- « Caresse-toi ».
Je ne sais trop quoi faire. Pourtant, je sais que si n’obtempère pas, la relation n’ira probablement pas plus loin. Et j’ai envie que ça aille plus loin. J’ai envie de cet homme.
J’attrape mon verre de vin et l’avale d’un trait, puis je passe discrètement ma main sous la table, remonte un peu ma jupe et me caresse tout doucement.
Il change de sujet et commente la qualité de l’entrée et du vin.
Sous la table, mes doigts qui jouaient jusqu’alors avec les lèvres de mon sexe se risquent à titiller mon bouton d’amour.
C’est terriblement excitant. La caresse en soi n’est bien sûr pas nouvelle, mais le fait de le faire dans ce restaurant et sur son ordre m’amène dans une autre dimension.
Une douce chaleur baigne maintenant tout mon bas-ventre.
Mon Dieu que c’est bon.
Alors clairement le récit (enfin partie de récit...) que je préfère pour le moment. De par la situation évoquée principalement et très facile à imaginer ;).
J’en suis là à me caresser et à boire ses paroles lorsque le sommelier approche pour nous servir le vin rouge. Je pique un fard et retire précipitamment ma main de sous la table tout en tentant, avec l’autre main, de m’emparer du string abandonné au milieu de la table.
Il attrape ma main au vol et l’enserre dans la sienne, fermement mais sans violence aucune. Tout dans son regard m’ordonne de ne pas bouger.
Je panique. Baisse les yeux. N’ose regarder le sommelier.
Il goute le vin et signifie au sommelier qu’il peut le servir.
Je regarde mon verre se remplir, les joues en feu. Je dois être écarlate.
Le sommelier s’éloigne.
Il me regarde d’un air amusé.
- « Ce n’est qu’un string ».
Devant mon embarras, il m’assure que le sommelier n’a pas cillé et n’a probablement même pas remarqué la présence de la pièce à conviction.
Je me persuade qu’il a raison.
Il continue à voix basse :
- « Tu ne toucheras pas à ce string tant que je ne t’y autoriserai pas ».
J’acquiesce d’un signe de tête discret, il me répond par un clin d’œil espiègle.
J’avale une grande rasade de vin pour me donner du courage.
- « Comment le trouves-tu maintenant ? ».
Je ne sais que répondre.
Je reprends une gorgée, bien trop grande pour une simple dégustation. Il est franchement bon en fait. Mais mon verre est déjà presque vide.
Il va me prendre pour une ivrogne.
D’ailleurs, l’alcool commence à me monter un peu à la tête.
Je l’entends parler sans toutefois réellement écouter.
- « Chère Julie … continue donc de te caresser ».
Sa voix est à la fois douce et invitante, presque un chuchotement, mais je sais qu’il n’y a pas espace à négocier.
Je glisse une nouvelle fois ma main entre mes cuisses et entame discrètement ma besogne.
- « Es-tu humide Julie ? »
Mon Dieu, si je suis humide ? Je dois être trempée. Je le lui dis dans un souffle, d’une petite voix chevrotante et mal assurée. Je n’aurais jamais cru en être capable.
- « Fais-moi voir ».
Que veut-il dire ? Il est hors de question que je me lève dans cet état !
- « Bien sûr que non. Mais tu m’as très bien compris ».
Alors la jeune femme qui est assise sur ma chaise fait un truc de dingue. Dans un état second – mais peut-être est-ce dû à l’alcool – je la vois, ou plutôt je sens, je sais qu’elle introduit ses doigts au cœur de sa plus profonde intimité. Je réalise immédiatement que ces doigts qui la fouillent sont les miens … que ces doigts qui me fouillent sont les miens. Ca ne peut pas être moi !
Je reste immobile, le souffle coupé.
Un regard à la ronde, personne ne semble avoir remarqué notre petit manège.
Je laisse mes doigts aller et venir discrètement en moi, tentant tant bien que mal de bouger le moins possible le reste de mon corps.
J’abandonne à regret ma petite grotte et vient poser, en rasant la table au plus près, mon bras sur la nappe en prenant garde de ne pas la toucher des doigts, tant ceux-ci sont souillés et ne manqueraient pas de maculer le tissu des preuves de mon inconscience.
Il saisit délicatement mon poignet et … porte mes doigts à sa bouche.
Au contact de ses dents et de sa langue, je suis prise dans une avalanche de phéromones.
Son geste est à ce point … indécent.
Il se délecte de mon nectar, en plein restaurant.
Quelle chance que nous soyons un peu à l’écart.
Un jeune serveur nous amène les plats principaux.
Je comprends de suite à la coloration rouge pivoine de son visage qu’il a dû remarquer le string sur la table.
Curieusement, je suis plutôt sereine.
Un peu pompette aussi.
Le sommelier vient lui aussi nous resservir. S’il a remarqué quelque chose, il n’en montre rien. Il faut que je parvienne à me modérer, je suis déjà suffisamment ivre.
Pas question de perdre le contrôle.
Une bouchée. Une gorgée.
C’est décidément exquis …
En terminant mon dessert, la tête me tourne.
Je ne puis dire si c’est de vin dont je suis ivre, ou si ce sont ses paroles qui me saoulent de plaisir et d’envie.
Depuis une heure maintenant, il m’entrouvre les portes d’un monde de plaisirs, de luxure et d’envies. De discipline et de douleur aussi. Et j’ai envie d’y plonger. De m’y noyer.
Qu’il fasse de moi sa soumise, son esclave, sa chienne s’il le veut.
Ma décision est prise.
Elle l’était déjà en partie au terme de huit semaines d’échanges épistolaires, de journées à guetter ses messages, comme une gamine le Père Noël, de soirées de plaisirs solitaires à lire et relire encore sa prose perverse mais qui sait si bien allumer le feu dans mon ventre.
Ivre de vin, de paroles et d’images, je n’aspire plus qu’à une chose : être sienne.
Mais soudain un doute m’assaille : voudra-t-il de moi ?
Il a été très clair : il ne cherche pas un coup d’un soir et sait précisément ce qu’il veut.
Serais-je à la hauteur ?
Ne va-t-il pas me trouver trop … inexpérimentée ?
Oh bien sûr, tout cela n’est pas totalement nouveau pour moi.
Mais mes petits jeux font bien pâle figure à côté de ce qu’il semble attendre de moi.
Serais-je seulement à la hauteur ?
- « Julie ? Julie ? Tu es avec moi ? A quoi penses-tu ».
D’un geste de la main, j’élude la question. Bien sûr que je serai à la hauteur. J’apprendrai.
Il réitère sa question, je lui fais part de mes doutes. Il sourit. Approche son visage du mien, et dans un souffle …
- « Que veux-tu petite Julie ? ».
- « Etre vôtre ».
Ma voix est mal assurée et je m’en veux.
Il m’impressionne en fait.
- « Ca manque un peu d’intimité … allons-nous-en ».
Je me rajuste tant bien que mal et récupère discrètement mon string que je fourre dans mon sac.
Il règle et nous quittons le restaurant sous le regard professionnel du Maître d’hôtel et envieux du petit serveur.
Dehors, il fait déjà bien noir. La nuit est délicieuse, douce et câline.
Une légère brise caresse mes jambes.
S’immisce sous ma robe et vient au passage lécher mon sexe dénudé.
Les petits picotements, encore.
Il m’offre son bras et nous nous éloignons vers le parc.
Nous discutons de choses et d’autres lorsqu’il avise un banc.
Il s’y assied mais au moment où je fais mine de faire de même, il me demande d’une voix douce de m’agenouiller devant lui.
Le parc est désert, baigné par le clair de lune.
Je m’exécute. La rudesse du sol est atténuée par l’herbe fraichement coupée.
- « Répète-moi ce que tu m’as dit là-bas … Que veux-tu Julie ? »
- « Etre vôtre ».
Cette fois ma voix n’a pas flanché. Elle est claire et limpide.
- « Tu sais ce que ça implique » ?
- « Je le sais ».
- « Veux-tu être ma muse Julie ? Mon amante, ma sœur, mon ange, ma tentatrice, mon exutoire, mon repos ? Veux-tu être tout ça » ?
- « Je le veux ».
- « Veux-tu être ma Chienne, ma Salope, ma Putain ?
- « Je le veux ».
- « Dis-le alors ».
- « Je veux-être votre chienne, votre salope, votre putain ».
Ma voix est d’une clarté cristalline. Les mots coulent tout seul, sans la moindre hésitation.
- « Relève ta jupe et accroupis-toi juste là ».
Il écarte les genoux et je m’exécute.
Relevant ma robe jusqu’à la taille, je m’accroupis juste devant lui, assis sur son banc.
- « Caresse-toi ».
- « Donne-moi ta queue ».
Schlack !
La gifle a fusé sans que je m’y attende. Pas bien méchante, une petite gifle presque symbolique qui m’excite plus qu’elle ne me freine.
- « C’est moi qui décide maintenant. Et ne me tutoie pas sans que je t’y autorise. Caresse-toi maintenant ».
Ma main glisse vers mon entre-jambe et s’exécute.
Elle joue avec mes chairs, joue avec mon bouton magique …
- « C’est bien. Introduis-toi deux doigts. Et continue ».
Mes doigts s’immiscent au plus profond de ma féminité et commencent leur travail de sape. Je suis trempée.
- « Répète maintenant ce que tu m’as dit tout à l’heure ».
- « Je serai votre chienne. Votre putain. Votre salope ».
Il se déboutonne et sort son sexe. Je ne peux retenir un gloussement à la vue de l’engin, qui dresse sa taille respectable droit vers les étoiles.
Je m’approche …
Entrouvre les lèvres.
M’arrête à quelques millimètres.
Je veux que mon souffle tiède se mêle à la brise fraîche, qu’il le sente et que ça affole son gland.
J’y pose mes lèvres, toujours entr’ouvertes, le laisse entrer d’un à deux centimètres à peine et darde ma langue raidie sur son méat.
Je relâche la tension dans ma bouche et le laisse entrer tout doucement.
Il doit bien falloir une trentaine de secondes pour que le gland disparaisse derrière mes lèvres.
Mes doigts sont toujours en moi.
De mon autre main, je guide son sexe plus loin dans ma bouche.
Le retire.
Commence mon va-et-vient avec une infinie lenteur.
Son membre est dur comme la pierre, je le ressors pour l’admirer.
Couvert de salive, il luit sous les étoiles, magnifique.
- « Relève-toi, vite !!! ».
Je bondis, il m’attrape et m’assied d’autorité sur ses genoux, m’enserrant de ses bras.
- « Ne bouge plus ! ».
J’entends des gens parler. Vingt mètres plus loin, un couple se dirige vers nous. Mon cœur bat la chamade. Ma robe est encore toute troussée, je suis assise sur lui les fesses à l’air tandis qu’il tente de dissimuler ma nudité de ses bras tout en rajustant tant bien que mal ma robe.
Je sens son sexe tendu sous mes fesses.
Nous restons immobiles, le couple qui passe devant nous doit nous prendre pour des amoureux enlacés sur ce banc.
Et moi, j’en profite pour enfouir mon visage dans ses cheveux.
Le couple s’éloigne, il me murmure à l’oreille :
- « Tu vois ce que tu me fais faire petite cochonne. Tu n’as pas honte » ?
Je pouffe de rire dans son cou.
Une fois le couple hors de vue, il me relève sans ménagement, me tire par le bras vers l’arrière du banc et attrape une paire de menotte dans un étui fixé à sa ceinture.
Il m’attache au banc et me voici, accoudée et menottée au dossier, cul en arrière et les fesses à l’air.
Il se bat avec un préservatif puis m’empale sans ménagement.
Ce pieu qui écarte mes chairs est presqu’un soulagement après près de quatre heures de flirt avec les limites de l’orgasme.
Accroché à mes hanches, il me prend de manière presque mécanique, comme un animal. Juste un va-et-vient de plus en plus rapide, comme si seul comptait de mener à terme cet accouplement aussi bestial que clandestin.
Mais déjà, le plaisir m’envahit.
Je jouis en silence, les dents serrées pour ne pas faire de bruit.
Il ne jouit qu’un peu plus tard.
Me détache.
Je me rajuste une dernière fois et nous nous éloignons tous les deux, sans rien dire.
Il me raccompagne jusqu’à un taxi, m’embrasse tendrement avant de m’y laisser.
- « C’est moi qui te contacterai. Tu m’appartiens désormais ».
Dans le taxi, l’excitation retombée, la réalité me rattrape, implacable.
Je prends toute la mesure de mon inconséquence.
J’ai trompé Bernard.
Pire, j’ai pour ainsi dire pactisé avec le diable.
Je vais devoir mentir à mon homme.
Mon Dieu, faites qu’il soit déjà endormi quand j’arrive.
L’euphorie que suscite en moi les perspectives de cette liaison hors norme se dilue progressivement dans un océan de doutes et de culpabilité.
Comment vais-je bien pouvoir gérer tout ça.
Comment ai-je pu faire ça à Bernard ?
La boule grandit dans ma poitrine tandis qu’une larme coule sur ma joue.
Bruxelles, 1993
Je ne veux plus jamais aller à Amboise.
C’étaient les vacances les plus horribles de ma vie.
Elle est foutue d’ailleurs, ma vie.
Je sais maintenant pourquoi Pierre ne m’aime pas : il est beaucoup trop bien pour moi.
Il est beau, grand, gentil, rigolo … il peut avoir toutes les filles qu’il veut.
Qu’est-ce qu’il en a à faire d’une fille comme moi ?
Je suis petite et moche. J’ai des boutons.
Peut-être aussi qu’il me trouve trop grosse.
Maman dit que je ne mange pas assez et qu’on voit mes côtes.
Elle peut bien parler elle, on ne risque pas de voir les siennes …
J’en suis certaine maintenant : tout ça, c’est ma faute.
J’ai décidé de manger beaucoup moins.
L’autre jour, j’ai voulu me punir d’avoir été si nulle.
J’ai pris un couteau et j’ai tracé des lignes sur l’intérieur de mon avant-bras gauche.
Ca n’a même pas fait mal. Ca a juste piqué un peu.
Mais le soir, dans mon lit, j’étais bien, parce que le picotement me faisait penser à Pierre.
Je l’ai fait pour lui.
Enfin, surtout pour me punir de ne pas être assez bien pour lui.
Au matin pourtant, je ne sentais plus rien.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de montrer à quel point je l’aime et à quel point je m’en veux.
Et je suis là, avec le couteau, à tracer un « P » sur mon avant-bras.
Plus profond que la première fois.
Ca saigne un peu, mais ça ne fait pas fort mal.
Moins que ce que je pensais en tous cas.
Le « P » n’est pas terrible, je l’ai fait assez grand mais il ressemble plus à un de ces caractères égyptiens qu’à un beau P.
C’est pas grave, on voit quand même bien que c’est un P.
Pour que la punition fonctionne, il faudra que ça fasse mal.
Sinon ce n’est pas une punition.
Alors j’ai récupéré une boite d’allumettes et j’ai gratté tout le souffre, que j’ai bien écrasé en une fine poudre avec un pilon dans un bol.
J’ai disposé la poudre en une fine ligne sur le P, tout le long, en veillant bien à ce qu’il n’y ait aucune interruption.
C’est un garçon a l’école qui m’a expliqué comment faire.
J’espère que ça marchera, parce que par endroits la poudre jaune des allumettes est rougie à cause du sang.
A ces endroits-là, j’en mets un peu plus.
Faut pas que je bouge mon bras.
J’ai gardé quelques allumettes pour allumer le P.
J’ai bien pensé à tout, j’ai écrasé la boite vide et je l’ai collée sur mon bureau avec du scotch, pour qu’elle ne bouge pas quand j’y gratterai l’allumette.
Je suis prête.
J’ai l’allumette en main mais je n’ose pas la frotter.
Allez, idiote, comment veux-tu intéresser quelqu’un comme Pierre si tu n’es même pas capable d’allumer une allumette !!!
Je la craque et je l’approche de la poudre sur mon bras.
J’ose pas.
Elle s’éteint.
Heureusement, j’en ai préparées quelques-unes au cas où …
J’en rallume une.
L’approche de mon avant-bras.
Je regarde la flamme, fascinée.
Je peux le faire.
Pierre mon Amour …
Tout s’enflamme dans une lumière aveuglante, dans un « ppssssccht » assourdissant.
Je suis si surprise par la flamme et l’intensité que je tombe de ma chaise.
Je hurle de douleur.
Mon bras ! Mon bras !
Un milliard de morsures.
C’est horrible.
Maman … Mamaaaan …
Je reste prostrée au sol, le bras plaqué contre mon ventre.
Ca sent horriblement mauvais, l’odeur des allumettes en même temps que l’odeur de quand Maman cuit les lardons.
Et ça fait horriblement mal.
J’ai envie de vomir.
J’ai mal, mal, mal.
Pitié, faites que ça s’arrête.
Faites que ça s’arrête.